Le monde de Libreté

Comme nous l’a appris Perdus sous la pluie, les enfants qui se perdent finissent invariablement par se retrouver dans les terres humides, un endroit sinistre, parodie de ville où la pluie tombe continuellement et donne naissance aux terribles sirènes de l’averse, des monstres lâches et avides de chair fraîche. Beaucoup finissent emportés par les sirènes, et seuls quelques-uns parviennent à retrouver leurs parents…

Et puis il y a les autres, ceux qui survivent sans pour autant trouver le chemin de la sortie. Ceux-là parviennent après bien des jours à la forteresse des nuées, ce lieu miraculeux épargné par les dévoreuses et les eaux du ciel : Libreté, le dernier refuge bâti par les enfants perdus sur les restes oubliés du monde des adultes. Là, les réfugiés tentent de refaire toute une société en imitant tant bien que mal ce qu’ils ont laissé derrière eux.

Hélas, chaque nouveau groupe amène dans son sillage sa meute de prédateurs ; les sirènes s’accumulent peu à peu autour de la forteresse, en attendant le jour où elles seront assez nombreuses pour attaquer Libreté elle-même dans un ultime assaut. Et pendant ce temps à l’intérieur des murs, les enfants se déchirent égoïstement sans penser à se protéger de leur véritable adversaire.

La proposition ludique

En tant que jeu de rôle, Libreté vous invite à vous glisser dans la peau d’un enfant de la forteresse. Vous pouvez être un nouveau venu ou l’un des premiers habitants, un moins que rien ou un chef, le membre d’une bande bien installée ou un indépendant s’efforçant de tirer son épingle du grand jeu diplomatique. Parfois, vous aimeriez pouvoir vous reposer sur une grande personne et redevenir un petit enfant, mais les responsabilités sont désormais les vôtres ; personne ne viendra prendre de décision à votre place, et vous devrez assumer les conséquences de vos actes jusqu’au bout.

Le jeu est dit « motorisé par l’Apocalypse » en hommage au Apocalypse World de Vincent Baker, un jeu de rôle qui a su proposer une forme nouvelle à notre loisir. Outre le principe des fiches d’archétypes permettant de rapidement typer un personnage, les mécaniques de jeu ont pour but d’éviter les tests inutiles et d’apporter sans cesse de nouveaux rebondissements à l’histoire. Les systèmes élaborés sur ce modèle offrent également un excellent équilibre entre une participation active de chacun et le plaisir d’explorer un univers mis en scène par le meneur de jeu (appelé ici l’Aversaire).

A cela, Libreté ajoute plusieurs idées entièrement nouvelles dont la « bile noire », une mécanique dont le but est de symboliser cette souffrance qui réside dans chaque enfant perdu et le pousse vers des actes qu’il regrettera sans doute ; si cette bile permet de surmonter les obstacles, elle fait également courir le risque d’aller trop loin, de réussir au-delà de ses espérances et de provoquer des catastrophes. Notez que le joueur est responsable de la gestion de cette ressource, ce qui en fait aussi un formidable outil pour incarner pleinement son personnage.

Le livre contient également un système très simple permettant de créer sa propre forteresse par le biais d’une série de questions ; nous nous sommes ainsi efforcés de vous offrir une expérience de jeu particulière tout en vous laissant la possibilité de vous l’approprier avec votre table de jeu. Ceux qui n’apprécient guère ce genre d’exercices pourront se rassurer néanmoins : il est prévu de sortir au moins une enclave préconstruite, laquelle fera suite au scénario du kit de démonstration afin de satisfaire ceux qui voudraient continuer l’aventure avec les mêmes personnages.

Liens

La page contenant les Annexes pour pouvoir les imprimer et éviter d’abîmer le livre.

La page contenant les aides de jeu débloquées par le financement participatif.

La page de la boutique de Sycko pour acheter le livre.

Les archives de ma rubrique au sein des Ateliers imaginaires, qui contient plusieurs petits compte-rendus et tests.

Un premier compte-rendu de notre chronique rédigé par maître Épiphanie Poétique sur le site La partie du lundi.

Un premier podcast sur le jeu chez mes amis de la Cellule.

Une première interview podcastique par Julien Pouard des Voix d’Altaride, la deuxième interview et la troisième.

Une interview « papier » en mode brutal par le Fix.