De par ses particularités, Perdus sous la pluie demande d’avoir en tête certaines consignes afin de produire la partie la plus satisfaisante possible. La plupart de ces consignes se trouvent à la fin du livre, mais il me paraît essentiel de les répéter ici et de leur ajouter quelques idées supplémentaires.

Il est tout d’abord essentiel de ne pas avoir peur d’arracher des attaches : vous n’êtes jamais obligé de le faire, mais le fait de vous retenir trop souvent risque d’allonger terriblement la durée de la partie. Afin d’éviter que cela n’advienne, efforcez-vous de respecter ces conseils :

  • Parlez de votre personnage à la troisième personne quand vous êtes dans l’aversité : cette règle n’est pas cruciale mais elle permet de vous souvenir que vous êtes dans l’aversité et pas dans la peau de votre personnage. Votre avatar peut parfaitement apprécier l’enfant perdu, cela ne vous empêchera pas d’arracher des attaches à ce dernier ; concentrez-vous sur la présence des sirènes, les noires pensées, les perceptions faussées. N’hésitez pas non plus à envisager votre propre personnage sous un jour moins reluisant – n’est-il pas au fond trop faible et dépendant de l’enfant perdu, ou au contraire trop sûr de lui et un peu froid ?
  • Si vous êtes l’initiateur de la partie, n’hésitez pas à vous « sacrifier » : comme dans tout jeu de rôle, face à des joueurs dont c’est la première partie, vous devez montrer l’exemple. Arrachez des attaches à tout le monde, et si vous voyez que cela ne suffit pas, faites appel à votre rancœur deux ou trois fois. Jouez un enfant dépendant, toujours en train de pleurer, ou une brute, ou un cynique qui passe son temps à critiquer les initiatives des autres. Nous sommes dans un jeu horrifique, le plaisir est aussi dans les affres subis par le « héros ».

Autre point important, se concentrer sur les détails. Contrairement à un jeu de rôle plus classique, Perdus sous la pluie s’épanouit dans les perceptions et les sensations.

  • Étoffez les créations des autres joueurs : plutôt que de rajouter de nouveaux monstres ou des situations originales, brodez sur ce que les autres vous ont offert. Allez dans leur sens, n’essayez pas à tout prix d’imposer votre vision ou de dénaturer la leur, mais célébrez au contraire leur créativité. Ajoutez quelques adjectifs bien sentis, un petit détail croustillant, une couleur particulière. N’hésitez pas à retourner contre un joueur sa propre création – lui arracher des attaches avec son monstre est le plus bel hommage que vous pourrez lui rendre.
  • Attaquez l’âme de l’enfant perdu : ne vous contentez pas d’événements extérieurs. Évoquez la sueur qui coule le long du dos de l’enfant, la peur qui s’insinue lentement, la tentation de s’enfuir, le sentiment de manque, les autres enfants qui le regardent sans lui venir en aide.
  • Ne vous attardez pas : offrez quelques détails, un événement esquissé subtilement. Demandez à l’enfant perdu ce qu’il fait, laissez à un autre membre de l’aversité le soin de rajouter des éléments. Monter un simple escalier peut tout à fait prendre un chapitre entier ! Pensez à laisser aux autres un espace créatif suffisant, ne leur coupez pas la parole.

Pour le premier chapitre et les problèmes particuliers que ce passage soulève, je vous invite à consulter l’aide de jeu placée ici.